Tendinite de l'épaule et conflit sous-acromial

Effort, charge, mouvements répétitifs, sport, mauvaise position de sommeil... Attention à la tendinite de l'épaule !

 

Les tendinites à l’épaule sont fréquentes. Elles correspondent à une inflammation douloureuse du tendon et du tissu environnant que l’on appelle bursite. Les tendinites sont favorisées par les efforts et l’hyper-activité d’origine professionnelle (mouvements répétitifs, ports de charge) ou par les activités de loisir (bricolage, sport). Une mauvaise position lors du sommeil est une autre cause fréquente.

 

Le traitement est d’abord médical avec rééducation, infiltrations et repos de l’épaule. Parfois une chirurgie s’impose si le traitement médical est insuffisant.

 

 

 

 

Tendinite de l'épaule et conflit sous-acromial : définition

Qu’est-ce que la tendinite de l’épaule ?

Les tendinites à l’épaule sont fréquentes et correspondent à une inflammation douloureuse des tendons de la coiffe des rotateurs et des tissus environnants. On appelle cette inflammation « bursite ». Les 4 tendons de la coiffe des rotateurs (supra-épineux, infra-épineux, sub-scapulaire et long biceps) peuvent être touchés mais dans plus de 80 % des cas, le supra-épineux est concerné. Rappelons que ces tendons de la coiffe des rotateurs participent aux mouvements de rotation et d’élévation de l’épaule.

Ces tendinites sont favorisées par les efforts et l’hyper-activité de l’épaule, d’origine professionnelle (travaux manuels, ports de charge) ou par une activité de loisir (bricolage, certains sports dont la musculation).  La survenue de ces tendinites est également associée et favorisée par le conflit sous acromial.

 

Qu’est-ce que le conflit sous-acromial ?

Le conflit sous-acromial correspond à un frottement pathologique entre les tendons de la coiffe des rotateurs et l’acromion, expansion osseuse de l’omoplate. En effet avec le temps, cet acromion peut se modifier prenant une forme crochue pouvant frotter avec les tendons environnants et diminuant leur espace. On parlera alors d’acromion agressif.

Ce frottement anormal entre l’acromion et les tendons de la coiffe va provoquer des douleurs principalement lorsque les épaules et les bras seront montés en l’air, en pratique au-dessus de 90°. En effet, lorsque les épaules sont ouvertes au-dessus de 90°, la distance entre l’acromion et les tendons va être diminuée à son minimum, favorisant un frottement avec les tendons en cas d’acromion agressif (= crochu). 

tendinite avec conflit à l'élévation de l'épaule

Conflit sous-acromial

Tendinite avec conflit à l’élévation de l’épaule

En plus d’un acromion crochu et d’une position répétée de l’épaule et du bras au-dessus de 90°, d’autres causes favorisent la survenue du conflit sous-acromial et donc de la tendinite à l’épaule.

Nous citerons :

  • des muscles qui abaissent l’humérus devenus inefficaces
  • un surmenage de l’épaule par une activité répétitive des bras en l’air, qui entraîne un frottement répété et excessif
  • une mauvaise position lors du sommeil

Symptômes et diagnostique

Quels sont les symptômes de la tendinite de l’épaule et du conflit sous-acromial ?

Il existe avant tout des douleurs aux mouvements de l’épaule, surtout à la montée (au-dessus de 90°) et à la descente du bras. Ces douleurs seront augmentées par les gestes répétés et le port de charges lourdes par l’épaule. Il est habituel aussi d’avoir des douleurs nocturnes et matinales liées à ces tendinites.

Des tests ou manœuvres réalisés lors de la consultation déclencheront ces douleurs en reproduisant le frottement anormal. Les manœuvres les plus connues sont le test de Jobe et le test de Yochum. Un examen complet de l’épaule est systématique pour confirmer le diagnostic et rechercher des complications de ces tendinites à l’épaule.

Comment faire le diagnostique ?

Le diagnostic est avant tout clinique. Les radiographies standards sont obligatoires. Elles vont permettre d’écarter les diagnostics différentiels de fracture, d’arthrose ou de tendinites calcifiantes à l’épaule. Elles pourront montrer des signes indirects de tendinite et surtout des acromions agressifs (ou avec un bec) favorisant le conflit sous-acromial et diminuant l’espace de ces tendons. Ces acromions crochus sont classés en 3 types selon leur agressivité (classification de Bigliani).

Bec acromial

Types d'acromions

Dont le bec agressif responsable du conflit sous-acromial

Traitement de la tendinite à l'épaule

Comment traiter la tendinite de l’épaule et le conflit sous-acromial ?

Le traitement a pour objectif de soulager les douleurs et éviter que les tendinites comme le conflit ne deviennent chroniques et/ou se compliquent.

En effet, si elles ne sont pas traitées de façon efficace, les tendinites peuvent évoluer vers une rupture progressive des tendons de la coiffe des rotateurs soumis au frottement pathologique du conflit et à l’inflammation : c’est la rupture de la coiffe des rotateurs qui peut-être partielle ou complète.

Le premier temps avant l’apparition d’une rupture, est représenté par la fissuration tendineuse. Il s’agit d’un critère de gravité dans l’évolution de la tendinite à l’épaule et du conflit sous-acromial qui doit conduire rapidement vers l’intervention.

En dehors de ces critères de gravité, le traitement est avant tout médical.

Éviter toutes positions où le conflit se produit

Éviter toutes les positions où le conflit se reproduit, en pratique cela conduit à interdire tous les gestes avec les bras en l’air. Un arrêt de sport, une modification du poste de travail ou des positions de l’épaule pendant le sommeil sont souvent indispensables.

Les anti-inflammatoires

Les anti-inflammatoires et parfois 1 ou 2 infiltrations dans l’espace sous-acromial, au contact de l’inflammation peuvent soulager durablement la douleur. Il faut rappeler ici que les infiltrations bien maîtrisées sont sans risque.

La rééducation

La rééducation est un autre élément essentiel à la guérison. Elle aura pour but d’abaisser l’épaule, d’augmenter ainsi l’espace sous-acromial et d’éviter le frottement pathologique et la survenue de l’inflammation tendineuse. Il s’agit d’une rééducation en décoaptation. Elle doit être parfaitement indolore et bien comprise par le patient. Certains exercices peuvent être réalisés à la maison.

 

Bien conduit, ce traitement médical est efficace dans un grand nombre de cas, et une activité de l’épaule pourra être alors reprise progressivement. La durée du traitement varie en moyenne de 3 à 6 mois. Le premier temps avant l’apparition d’une rupture, est représenté par la fissuration tendineuse. Il s’agit d’un critère de gravité dans l’évolution de la tendinite à l’épaule et du conflit sous-acromial qui doit conduire rapidement vers l’intervention.

Prise en charge chirurgicale

Quand opérer une tendinite de l’épaule ?

En cas de persistance de douleurs et après un traitement médical bien conduit (au moins 3 mois), le traitement chirurgical peut être proposé comme alternative. Le but de l’opération est le soulagement de la douleur, la récupération de la mobilité et l’utilisation normale du bras en évitant la dégradation tendineuse et l’évolution vers la rupture.

 

Comment se déroule le traitement chirurgical et l’acromioplastie ?

Le traitement chirurgical se déroule par technique mini-invasive vidéo (arthroscopie) en ambulatoire (intervention dans la journée et retour à domicile en fin d’après-midi). 3 mini incisions de 5 millimètres seront ainsi réalisées au niveau de l’épaule pour mettre en place les instruments miniaturisés.

L’intervention d’une durée moyenne de 45 minutes pourra se dérouler sous anesthésie locale pure ou anesthésie générale.

Lors de l’intervention l’inflammation douloureuse du tendon et des tissus environnants (bursite) sera nettoyée. Le frottement pathologique entre l’acromion et les tendons sera supprimé en fraisant quelques millimètres d’os. Ce traitement, qui a pour objet de supprimer le conflit en élargissant l’espace pour les tendons, se nomme acromioplastie.

suppression du conflit sous-acromial

IRM montrant le bec acromial

Quelles sont les suites opératoires et quelle rééducation post-opératoire ?

L’épaule sera immobilisée une dizaine de jour par une écharpe, coude au corps, pour aider à diminuer les douleurs post-opératoires.

La rééducation débutera immédiatement, douce au début, pour éviter l’enraidissement de l’épaule. Elle a pour objectif de retrouver la souplesse de l’épaule et d’apprendre à éviter les gestes à risque. Cette rééducation nécessitera quelques semaines à quelques mois selon les patients et la sévérité initiale de la tendinite et du conflit.

  • La reprise de la conduite sera possible à partir du 15ème jour post-opératoire. La reprise du travail pourra survenir à partir du 2ème mois et sera fonction de la profession, une activité de bureau pouvant être plus précoce.
  • La reprise des activités sportives et professionnelles à risque sera progressive et contrôlée. À 3 mois de l’intervention, 80 % des patients sont soulagés et reprennent une activité normale mais avec évitement des efforts ayant conduit à la tendinite et au conflit sous-acromial.
  • La reprise du sport sera elle aussi possible sous certaines conditions comme éviter de porter des charges lourdes ou des gestes répétitifs au-dessus de l’épaule. Elle se fera en général à partir du 3ème mois après l’intervention.

Quels sont les résultats attendus de l’intervention ?

Le résultat final dépend avant tout de l’ancienneté des douleurs, de l’état des tendons et de la poursuite d’une activité à risque. Ainsi les souffrances anciennes sur tendons abimés procureront les moins bons résultats.

Le délai de la disparition des douleurs est variable. La récupération complète survient en général entre 3 et 6 mois.

Les résultats de cette chirurgie sont cependant très encourageants puisque les patients sont satisfaits dans plus de 85 % des cas.

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Taux de satisfaction