Les traumatismes fréquents AU ski
Les risques de la glisse...
Faisons un tour d’horizon des traumatismes les plus fréquents au ski et de leur prise en charge en particulier à l’épaule et au genou.
La période hivernale battant son plein, les skieurs ont commencé à dévaler leurs pentes préférées. Cependant, le ski et le snowboard apportent comme tout sport, leurs lots d’accidents et d’urgences…
Traumatismes fréquents du membre supérieur au ski
Les sports d'hiver et les traumatismes de l'épaule
J’ai chuté à ski et j’ai un traumatisme à l’épaule…
Toute chute sur l’épaule, de surcroît sur une neige dure, peut provoquer un traumatisme de l’épaule (luxation et fracture principalement) dont le diagnostic immédiat n’est pas toujours évident. Après le traumatisme, l’épaule est plus ou moins douloureuse mais très souvent la douleur va s’accentuer de plus en plus en rentrant au chalet ou à la station.
Dans tous les cas une immobilisation doit être rapidement mise en place et le skieur doit consulter un médecin pour la réalisation du diagnostic et des premiers soins. Aucune manœuvre ne doit être tentée notamment sur les pistes sans diagnostic de certitude et donc sans radiographie, au risque d’aggraver les lésions.
La disjonction, l'entorse et la luxation acromioclaviculaire
Je me suis fait une entorse à l’épaule lors d’une chute à ski…
En période de ski, ces entorses appelées également disjonctions sont très fréquentes et beaucoup de patients se présentent en consultation pour ce type de lésion. Elles sont favorisées par une chute directe sur l’épaule en ski ou snowboard.
La sévérité de la lésion est classée en fonction du nombre de ligaments atteints. Elle va de la simple entorse (étirement des ligaments sans rupture, stade 1 et 2), à la luxation (arrachement et déchirure des ligaments, stade 3 ou plus ). Les ligaments en cause sont les ligaments acromio-claviculaires ou coraco-claviculaires qui unissent l’acromion à la clavicule
Classification de Rockwood
Entorses et disjonction acromio-claviculaires
Stades 1 et 2 = immobilisation
Stade 3 et plus = chirurgie
À partir du stade 3, les ligaments acromio-claviculaires et coraco-claviculaires sont totalement déchirés et ne peuvent cicatriser sans chirurgie. Dès lors, l’épaule est attirée vers le bas par son propre poids, et s’éloigne de la clavicule, qui fait alors une saillie inesthétique et douloureuse sous la peau.
Aux stades 1 et 2, le traitement consiste en une simple immobilisation par écharpe pendant 15 jours, du repos et des antalgiques. Au bout de 4 à 6 semaines, les activités sportives pourront être reprises de façon complète.
Saillie de la clavicule sous la peau
Stade 3 et plus
Cependant à partir du stade 3, sans opération des douleurs chroniques et une perte de force peuvent s’installer associées à une clavicule qui RESTERA ascensionnée sous la peau, rendant difficile les activités manuelles, professionnelles ou sportives.
Le traitement chirurgical est alors possible. Par technique vidéo, la clavicule va être repositionnée et stabilisée pour aider à la cicatrisation des ligaments déchirés. Ce traitement permettra une restauration de la force de l’épaule et la reprise sportive.
Le délai idéal en cas d’intervention est de 5 à 10 jours. Une immobilisation dans une attelle durant 4 à 6 semaines est nécessaire dans les suites.
Chirurgie de l'entorse acromio-claviculaire
Repositionnement de la clavicule et mise en place de câbles de maintien
Certaines entorses seront vues plus tardivement au stade d’entorses acromio-claviculaires chroniques (c’est-à-dire au-delà des 4 semaines après l’accident). Une intervention (que l’on appelle ligamentoplastie) est alors recommandée pour repositionner et stabiliser la clavicule accompagnée d’une reconstruction des ligaments pour éviter la récidive.
Ski et fracture de la clavicule
Je me suis fracturé la clavicule lors d’une chute à ski… Comment est-ce traité ?
La fracture de clavicule fait parti des traumatismes fréquents au ski et est de bon pronostic, survenant après une chute sur le moignon de l’épaule. Elles consolident en 6 semaines après une simple immobilisation quand elles ne sont pas ou peu déplacées.
Cependant les grands déplacements (supérieur à 2 cm) doivent conduire à un traitement chirurgical pour éviter les douleurs chroniques et des gênes dans les activités physiques comme un raccourcissement de l’épaule. Dans ce cas une plaque est mise en place avec correction de la fracture. Une immobilisation de 6 semaines est à prévoir, avec par la suite un retour complet aux activités professionnelles et sportives.
Radio de la clavicule fracturée
Avant et après chirurgie
Luxation de l'épaule au ski
Je me suis luxé l’épaule au ski…
Les luxations d’épaule sont également des traumatismes fréquentes au ski et tout particulièrement les luxations antérieures (qui représentent 95 % des luxations). Elles correspondent à la sortie de la tête humérale en avant de l’articulation donnant alors la sensation de déboitement de l’épaule pour le patient.
Luxation antéro-interne de l'épaule
Faisant suite à un traumatisme de l’épaule, une chute au ski par exemple, des lésions irréversibles peuvent survenir favorisant alors la répétition de ces luxations. on parlera alors d’épaule instable. L’épaule devra alors être remis en place, seulement après l’examen d’un médecin et une radiographie de l’épaule.
Après remise en place (appelée réduction) une immobilisation de 3 semaines est nécessaire suivie de rééducation.
Radio de luxation antérieure de l'épaule
Avant et après remise en place
Si l’immobilisation de l’épaule et la rééducation sont nécessaires pour traiter un premier épisode de luxation, une intervention chirurgicale est recommandée après un second épisode de luxation car alors les luxations risques de se répéter à l’infini. Le risque de récidive est d’autant plus important que le patient est jeune.
L’opération doit permettre l’arrêt des luxations et éviter la survenue des complications associées (fracture d’épaule, déchirure de tendons, lésions nerveuses).
L’intervention de référence pour stabiliser l’épaule est la butée d’épaule pratiquée habituellement en chirurgie ambulatoire. L’épaule devenue plus stable qu’auparavant autorisera un retour au sport complet.
Opération de butée d'épaule
En traitement des luxations d’épaule récidivantes
fracture du trochiter
Une chute directe sur l’épaule au ski entraine parfois une fracture du trochiter…
Cette fracture se retrouve plus souvent lorsque le skieur ou le snowboardeur sont tombés directement sur le moignon de l’épaule. Un bilan radiologique confirmera le trait de fracture et conduira à une prise en charge par simple immobilisation coude au corps si la fracture est non déplacée, pendant 4 semaines.
Ces fractures sont fréquemment associées à une rupture des tendons de la coiffe des rotateurs qui s’attachent dessus. Dès lors une IRM permettra de faire le diagnostic et de conduire à une prise en charge chirurgicale.
Fracture du trochiter
Les traumatismes au coude
Parmi les traumatismes fréquents au ski, on en compte également au niveau du coude…
Les traumatismes au coude sont également fréquents, favorisées par une chute au ski comme au snowboard sur le coude. La neige dure ou la glace favorisent ces traumatismes qu’il s‘agisse de fractures ou de luxations.
Une radiographie sera toujours indispensable après traumatisme au coude pour porter le diagnostic de certitude. En cas de fracture de l’olécrâne, de la tête radiale ou de la palette humérale, le traitement médical sera toujours réalisé en 1ère intention, avec immobilisation de quelques semaines et la prise d’antalgiques.
A contrario, si la fracture est déplacée le traitement sera chirurgical pour reconstituer l’anatomie et restaurer la fonction du coude.
Les fractures du poignet
Il s’agit plus précisément d’une fracture du radius, qui peut être accompagnée d’une fracture du cubitus. Plutôt liée à la pratique du snowboard, lors d’une chute sur les fesses amortie par les mains, elle provoque une déformation caractéristique du poignet en « dos de fourchette ».
Déformation du poignet en dos de fourchette
Après fracture
Les fractures déplacées doivent être opérées. Le traitement moderne consiste en la mise en place d’une plaque et de vis. Les suites sont marquées par le port d’une attelle. La rééducation est débutée précocement. La consolidation se fait habituellement en 6 semaines.
Radio d'une fracture de poignet
Avant et après pose de plaque
Traumatismes fréquents du membre inférieur au ski
Les traumatismes du genou au ski
Si l’on parle de moins en moins de fractures du tibia péroné ou de fractures de chevilles au ski, c’est grâce aux améliorations en matière de sécurité, apportées par les constructeurs au matériel (ski, chaussures, fixation). Toutefois, les entorses de genou restent très fréquentes en particulier les entorses du ligament croisé antérieur et des ligaments latéraux ainsi que les lésions des ménisques.
Plus de 30 % des skieurs blessés présentent une entorse du genou. Tous les niveaux de pratique sont concernés. Le risque de rupture du ligament croisé antérieur est en augmentation régulière depuis le début des années 1990.
Entorses et ruptures de ligament croisé antérieur au ski
La rupture du ligament croisé antérieur est l’entorse la plus fréquemment rencontrée lors d’une chute en ski. Elle se produit en raison d’un mouvement de torsion, le pied étant resté fixé au sol par l’intermédiaire du ski et de sa chaussure. La rupture du ligament est alors inéductable et s’accompagne d’un craquement bien audible par le skieur.
Le traumatisme va alors être vite suivi d’un gonflement rapide du genou témoignant du saignement dans le genou consécutif de la rupture. L’aspect visuel est celui d’un gros genou.
Gros genou après traumatisme
Une difficulté (voire impossibilité) de mobiliser le genou va aussi apparaître accompagner d’une vive douleur.
L’immobilisation du genou et la réalisation d’un premier bilan médical sont impératives. Bien que le diagnostic soit avant tout clinique, une radiographie du genou est recommandée pour exclure toute fracture.
Le traitement en urgence consiste à immobiliser le genou dans une attelle amovible, accompagné de glaçage du genou (qui limite le saignement), et de la prise d’antalgique. Au retour du ski, une consultation avec le chirurgien orthopédiste est recommandée. Une IRM sera alors demandée pour confirmer le diagnostic et rechercher des lésions associées (déchirure de ménisque par exemple).
Rupture du ligament croisé antérieur au genou
Après une phase de repos articulaire (6 à 8 jours), la rééducation débute, pour récupérer la souplesse du genou et lutter contre la douleur et la fonte musculaire du quadricceps de la cuisse.
Secondairement le besoin d’opération sera évalué avec le chirurgien et notamment la sensation d’avoir un genou instable qui va se déboiter. Dans ce cas la chirurgie avec reconstruction du ligament croisé antérieur sera indiquée. La chirurgie est aussi fortement recommandée chez les patients jeunes car sans ligament croisé le genou va s’user à bas bruit et à 10 ans il existera déjà des signes d’arthrose.
Chirurgie de reconstruction du ligament croisé antérieur rompu
Entorses des ligaments latéraux du genou au ski
Il s’agit dans ce cas d’une entorse de gravité moyenne ne nécessitant pas, le plus souvent, d’intervention chirurgicale. Le contexte clinique et la façon dont s’est réalisée la chute permettent quelquefois de confondre cette pathologie avec une simple douleur. C’est souvent le soir ou le lendemain quand l’articulation est froide que les douleurs apparaissent.
Un bilan est toujours nécessaire auprès d’un chirurgien orthopédiste. Le traitement repose sur la mise au repos du genou dans une attelle amovible pour favoriser la cicatrisation ligamentaire.
Entorse du ligament latéral interne du genou
Une rupture associée des ligaments croisés sera systématiquement recherchée. Après une période d’immobilisation de 2 à 4 semaines, selon l’intensité de l’entorse, une rééducation du genou sera impérative, avec renforcement musculaire et assouplissement du genou.
Fracture du tibia au ski
Elle représentait la fracture typique du ski. Elle est due à une rotation du pied sous le genou, entraîné par le ski, créant une contrainte en torsion qui rompt le tibia au-dessus de la chaussure. La fracture prend la forme d’une spire, on parlera alors de fracture spiroïde du tibia.
L’amélioration récente du matériel a permis de réduire sa fréquence, notamment grâce aux chaussures et aux fixations.
Les fractures du tibia sont souvent instables et/ou déplacées nécessitant alors une opération. Le traitement consiste en la mise en place d’un clou en titane. Les suites sont marquées par la marche avec un appui autorisé. Il n’y a pas besoin d’immobilisation. La consolidation se fait habituellement en 8 semaines.
Radio d'une fracture du tibia
Autres traumatismes au ski
Une piste verglacée, la vitesse, un obstacle fixe ou en déplacement peuvent conduire à toutes sortes d’autres traumatismes au ski.
On rappellera les fractures de vertèbres et les fractures de côtes par choc sur les flancs ou le dos. Les fractures de côtes sont relativement douloureuses. Le diagnostic se fera impérativement par radiographies qui recherchera aussi des complications comme la présence de sang dans les poumons. En dehors de complications, le traitement consiste en du repos et la prise d’antalgiques. En quelques semaines les fractures de côtes vont consolider et la douleur cèdée.
L’autre fracture fréquente est celle du crâne, qui risque de mettre en cause le pronostic vital. Un hématome extra dural (formation d’une hémorragie entre le crâne et le cerveau compressant ce dernier) ou intra cérébral peut survenir directement ou après un moment. La prévention repose sur le port du casque qui limitera les conséquences et sur le respect des vitesses et des consignes de la station. En cas de traumatisme il faut mettre en place une surveillance médicale car un hématome doit être évacué chirurgicalement au plus vite.
La prévention de ces accidents passe par une bonne connaissance de ses propres limites. Mais aussi par le respect des conseils de prudence, l’utilisation d’un matériel adapté, et le port d’un casque surtout chez l’enfant.
Conclusion : portez un casque, maitrisez votre vitesse et ne dépassez pas vos limites
Les pistes verglacées ou non, la vitesse et des obstacles fixes ou en déplacement créent au ski des conditions propices à toutes formes de traumatismes. Ces traumatismes fréquents au ski et snowboard sont souvent douloureux et peuvent occasionner une longue période de récupération.
Être conscient des dangers quel que soit le sport pratiqué, est déjà la base de la mise en place d’une stratégie préventive (contrôle de la vitesse, casque, connaitre ses limites…). La pratique du ski doit rester un plaisir bien qu’il s’agit certainement du loisir provoquant le plus de traumatismes et d’accidents graves.